Elle lui disait qu’il n’était pas intéressant
Un jour j’attendais le bus scolaire avec mes filles.
Il y avait juste nous à l’arrêt.
Et une mère avec son fils.
Il ne faisait rien de mal le gamin, il bougeait. C’était un enfant quoi.
Elle voulait l’obliger à attendre sans bouger.
Et elle lui disait : Arrête de faire ton intéressant, tu n’es pas intéressant.
Une fois, deux fois, 3 fois…
Elle ne s’arrêtait pas.
J’étais jeune, c’était il y a longtemps.
J’ai essayé de croiser le regard du gamin, lui faire un clin d’œil, lui faire comprendre que j’étais de son côté.
Ce serait aujourd’hui, je pense que je ne me tairais pas et que je dirais un truc à la mère.
Le bus scolaire arrive.
Les enfants montent.
A l’intérieur les dames chargées de s’occuper des enfants manifestent leur compassion… à la mère :
- Comment allez-vous ? Il est difficile ! Vous avez bien du courage !
Je regarde ça. Je me dis : le pauvre ! C’est elle qui est difficile et en plus il doit supporter ça.
Mais je ne suis personne. Je ne suis pas reconnue comme étant une personne « respectable ». Je me tais.
Plus tard, ma mère (qui est pourtant pas mal toxique aussi) accompagne mes filles lors d’un voyage scolaire.
Elle me raconte une histoire semblable, avec des adultes responsables des enfants, disant à la mère qu’elle est bien courageuse.
Elle me dit : c’est le gamin qui a bien du courage pour supporter sa mère.
Je vérifie. C’est la même personne.
Aujourd’hui encore, ces dames du bus diraient sûrement la même chose que ce commentaire que je viens de lire et qui m’inspire cet article parenthèse :
« Désolée des mères qui n ont pas tout fait pour le bonheur de leurs progénitures , qui les ont maltraités , dévalorisés ou pas aimés je n en connais pas »
Et pourtant, ça se passait devant leurs yeux.
